Aux Compagnies de guerre du dix-huitieme bataillon

Pour notre pays, que dévore Un envahisseur exécré, Frères, vous allez, à l'aurore, Combattre le combat sacré! 5 O forgerons de notre histoire! Vous partez, libres et joyeux, Et déjà l'ardente Victoire Semble étinceler dans vos yeux. Vous courez à la délivrance, 10 Coeurs fiers que rien ne peut briser, Emportant le nom de la France A vos lèvres, comme un baiser; Et vous mêlez l'Hymne française, Toute pleine de vos amours, 15 L'incorruptible Marseillaise Au long roulement des tambours! Allez dans la plaine meurtrie Vaincre ces maudits. Il le faut. Ici l'adorable Patrie 20 Vous encourage, et Dieu là-haut! Sur le Vandale, sur ce rustre Allez venger le vieil affront; Allez vers la bataille illustre, Et tous iront, tous vous suivront; 25 Pour briser l'exécrable piège, Tous vous suivront au grand soleil: Les vieillards aux cheveux de neige Et les enfants au front vermeil. Et nous chasserons le barbare 30 Ivre de haine et de trépas, Jusque vers son pays avare Dont le sol ne le nourrit pas! Frères! sous le canon qui tonne Entendez frémir nos bourreaux. 35 Il dit, l'ennemi qui s'étonne: Quel est ce peuple de héros! Trahi, vaincu, dans les fumées Il ressuscite, vigilant; Il se relève, et les armées 40 Jaillissent de son coeur sanglant! Oui, c'est l'heure des grands spectacles! Compagnons, vous triompherez. S'il faut d'impossibles miracles De bravoure, vous les ferez. 45 Et déjà de son auréole Ennoblissant jusqu'aux haillons, Voici que la Victoire vole Sur le front de nos bataillons. Allez donc! Nous saurons vous suivre 50 Et marcher dans votre chemin: La voix des fanfares de cuivre Retentit, Frères, à demain! Décembre 1870.

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