LXV Reine-Blanche

La Reine-Blanche est morte. Un vent de glace emporte Et disperse à l'entour Son vieil amour. 5 O paradis terrestre! Épouvantable orchestre Qui même effarouchas Les pauvres chats! Phrase cruelle et nette, 10 Que dit la clarinette, Ou que nous dépistons Dans les pistons! Saladiers sans emphase, Où l'on buvait l'extase 15 Avec le flot sacré Du vin sucré! Alphonses, divins mâles! Robes de femmes pâles Collant comme un linceul! 20 Cavalier seul! Sous le gaz noir qui flambe, Irma levant la jambe En l'air, et montrant son Nez polisson! 25 Femmes parfois gelées Qui dansiez, flagellées Par le fouet triste et fou D'un dieu voyou! Choeur plein de mille rages 30 Qui, parmi des orages Assez souvent décrits, Poussais des cris! Ton orgie indocile Étant sans domicile, Suis la brise et l'autan. Adieu, va-t'en. 35 Laisse ton pauvre vice Déjà hors de service Et pratique, si tu 40 Peux, la vertu! 14 février 1884.

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