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Arseneau, Angélina

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Repères bibliographiques

Un long chemin vers la liberté. Moncton: Éd. de la Francophonie, 2001.
 
Depuis un certain nombre d'années s'est développé un sous-groupe de textes autobiographiques comprenant des récits de maladie ou de traumatisme vécus et relatés par l'auteure. Pour l'auteure d'un tel texte, témoigner de l'événement traumatisant qui l'a marquée est un acte indispensable, voire libérateur, et ceci pour plusieurs raisons: trop longtemps elle s'est déjà sentie l'objet ou la victime d'une situation incontrôlable. Afin de s'affirmer en tant que sujet-agent qui dirige de nouveau sa vie, et afin d'échapper au silence imposé par ses proches ou par la société, l'auteure ressent la nécessité de prendre la parole, non pas toujours pour dénoncer ou pour accuser qui que ce soit, mais pour partager avec d'autres son sort difficile qu'elle a pu vaincre, ne serait-ce que par la forme qu'elle a donnée à la souffrance.

Le livre d'Arseneau est un tel témoignage du courage d'une femme qui, entièrement soumise à la volonté des médecins et des parents dès sa petite enfance, s'affranchit petit à petit des limites imposées par ses maladies et ses nombreuses opérations. À l'âge de six ans, elle est diagnostiquée de tuberculose et passera deux années de suite au lit à la maison, bien isolée des autres membres de sa famille. Par la suite, elle subira pendant trois autres années des traitements au sanatorium, jusqu'au moment où un nouveau médecin découvrira qu'elle n'a jamais souffert de tuberculose. Toutefois, on lui enlève un an plus tard, à l'âge de douze ans, une partie du poumon gauche. Elle souffre également d'une scoliose qui, l'empêchant de grandir normalement, la déforme, si bien qu'elle développe un complexe d'infériorité exacerbé par les autres qui lui font sentir qu'elle est différente (60-62, 109-111). Malgré toutes ces difficultés et en dépit du fait qu'elle n'est jamais allée à l'école mais a appris à lire et à écrire au sanatorium, elle décide de devenir couturière, bien que l'apprentissage de ce métier demande une séparation de sa famille. Elle réussit ainsi à se libérer des emprisonnements dont elle souffre, soient-ils concrets ou psychologiques. Le dernier pas vers sa libération est franchi quand elle sort du silence dont elle a tellement souffert en tant qu'enfant, pour raconter et ensuite écrire son histoire dans laquelle elle met en relief son désir de pleinement «s'intégrer à la société» (101). Un désir reste pourtant refoulé dans le non-dit: celui d'une relation amoureuse dans sa vie. En revanche, elle fait allusion à la maternité qu'elle a pu vivre partiellement en aidant sa mère à élever quelques-uns des quatorze enfants que celle-ci avait eus et en s'occupant des enfants de sa parenté (118). Un autre trait remarquable du récit est le fait que celui-ci ne prend jamais un ton accusateur, mais reste étonnamment distancié à l'égard des nombreux malheurs qu'il relate. Dès lors, il incombe au lecteur et à la lectrice d'inférer tout l'impact qu'a pu avoir le diagnostic erroné sur Angelina Arseneau dont la jeunesse fut gâchée de façon irrévocable.

 

 

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