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Cormier-Mourant, Jeanne

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Repères bibliographiques


Le vécu de ma famille: «poignées de souvenirs». 1909 à 2001. Compilé et édité par Odette O. Haché. Caraquet: à compte d'auteure, 2001.
  Voici l'exemple d'un texte autobiographique qui est le fruit d'une collaboration. L'apport de l'autre personne est d'habitude précisé dans la préface. Il n'en est rien ici: le rôle de la collaboratrice n'est pas spécifié en dehors de la mention «compilé et édité par Odette O. Haché». Aurait-elle écouté et transcrit les souvenirs de l'auteure? Ou a-t-elle simplement choisi et mis en ordre des bribes écrites par Cormier-Mourant? Le texte liminaire suggère la deuxième possibilité. On y apprend aussi que les souvenirs de l'auteure sont destinés à ses proches, dans le désir de «faire connaître à la jeune génération, qui pourrait les ignorer, des faits, des coutumes, des événements ou des traditions, bref, une façon de vivre qui risque de rester inconnue» (1).

Le texte est divisé en plusieurs parties: il commence par quelques pages succinctes consacrées au père, Gilbert Cormier, et à la mère, Marguerite Thériault-Cormier. Suit la partie intitulée «Mon autobiographie», écrite en 1989 (12-14), qui énumère chronologiquement les étapes importantes de la vie de l'auteure. Cette partie contient une ambiguïté: selon l'auteure, son mari Jimmy Cormier serait mort en 1965. Mais sur la même page se trouve une photo du 35e anniversaire de mariage du couple (13) – anniversaire qui aurait amené les époux à l'année 1974, car ils se sont mariés en 1939, après 15 ans de «fréquentation». Une page plus loin, l'ambiguïté temporelle continue: «En 1974, l'heure de la retraite a sonné, je me suis retirée et je mène une vie tranquille et heureuse avec mon mari après 45 ans de vie conjugale» (14). S'agirait-il d'un deuxième mari? L'ambiguïté – ou la simple erreur de datation – mise à part, le non-dit des raisons de quinze ans de fréquentation est assez intrigant, étant donné qu'à l'époque, les rencontres entre les jeunes étaient surveillées de près et les coutumes exigeaient que l'on se marie assez rapidement, comme l'auteure le décrit si bien à la page 23, dans une partie substantielle du texte portant sur les traditions et les fêtes (15-23). La dernière partie comprend une suite de courts extraits ou de textes probablement tirés d'un journal intime. L'auteure y commente quelques dates marquantes: sa retraite à 65 ans; ensuite, plusieurs anniversaires, entre 80 à 92 ans. De nombreuses redites au sujet de la santé (qui semble avoir été bonne jusqu'à la fin), du plaisir de vivre, du passage inexorable du temps, s'y mélangent avec des bribes de sagesse populaire. En voici deux:

«Vieillir allègrement, c'est accepter l'automne de sa vie après avoir bougrement profité de l'été. Je ne voudrais pas tout recommencer, ça prendrait tout un courage pour retraverser tous les ans que j'ai derrière moi» (p.26, à l'âge de 85 ans).
«On devient pas [sic] vieux ou vieille pour avoir vécu un certain nombre d'années, on devient vieux ou vieille parce qu'on a déserté son idéal» (p.31, à l'âge de 91 ans).

Une partie généalogique de Jeanne Cormier-Mourant, établie par Odette Haché, clôt le livre qui esquisse quelques traditions acadiennes ainsi que certains événements marquants de la vie de l'auteure sans pour autant trop révéler de sa vie intérieure, trait caractéristique de toute la génération des Acadiens et Acadiennes né.e.s dans la première moitié du 20e siècle.





 

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