LES CARIATIDES 1839-1842 AVANT-PROPOS De tous les livres que j'ai écrits, celui-ci est le seul pour lequel je n'aie pas à demander l'indulgence, car j'ai eu le bonheur de l'achever de ma seizième à ma dix-huitième année, c'est-à-dire à cet âge divinement inconscient où nous subissons vraiment l'ivresse de la Muse, et où le poëte produit des odes comme le rosier des roses. Je crois le rendre aujourd'hui au public tel que je le lui ai donné jadis. Cependant, j'ai corrigé des fautes trop évidentes, çà et là récrit une page mal venue, et même remplacé certaines pièces entièrement démodées par d'autres composées à la même époque, car dans mes vers de ce temps-là je n'avais qu'à prendre et à choisir. Mais je pense que dans la forme comme dans l'esprit, mon premier recueil n'a pas été altéré par ces indispensables corrections, car il ne dépendait pas de moi-même de détruire sa naïve bravoure et son invincible fleur de jeunesse. Les strophes qui ouvrent ce volume avaient été écrites par moi sur l'exemplaire de la première édition des Cariatides offert à ma mère bien aimée. Je les imprime à présent pour donner un nouveau témoignage de respect et d'amour à sa chère mémoire. THÉODORE DE BANVILLE. Paris, 14 mars 1877. P.S. 1889. Lors de la plus récente réimpression des Cariatides, j'avais déjà écrit sur le titre ces mots imprudents: Édition définitive. Cependant, cette fois encore, j'ai trouvé dans mon premier livre beaucoup de fautes enfantines, et je les ai corrigées. Mais à présent, je crois bien que c'est fini, et que je n'y reviendrai plus.

TABLE -- Table des Matières
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