Toute mon âme

Depuis le jour où je suis né, Songeur que Dieu voulut élire Pour unir son chant obstiné A la mystérieuse Lyre, 5 Tu m'as aimé, tu m'as guéri, Tu m'as donné, dans tes alarmes, Avec ton lait qui m'a nourri, Tant de chers baisers, tant de larmes! Par toi j'ai pu vivre et penser, 10 Tu fus ma nourrice et mon Ange, Et moi, pour te récompenser, Qu'ai-je à te donner en échange? Pour toi, source de tout mon bien, Gardienne attentive et charmée, 15 Je n'ai rien, pas même ce rien Que l'on appelle renommée. Je n'ai rien, lorsque c'est mon tour! Je n'ai rien, coeur brûlé de flamme, Que ma tendresse et mon amour; 20 Je n'ai rien que toute mon âme. 17 février 1864.

ROSES DE NOEL -- Table des Matières
Retour à la page Banville